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Werner Nold reçoit le prix Albert-Tessier 2010

Montréal, le 1er novembre 2010 – Le prix Albert-Tessier 2010, la distinction la plus prestigieuse accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine du cinéma, est attribué au monteur, chef opérateur et réalisateur Werner Nold. Le lauréat recevra son prix au cours d’une cérémonie officielle qui se déroulera le 9 novembre prochain à l’Assemblée nationale.

Werner Nold - photo : Rémy Boily.Né en Suisse en 1933, Werner Nold est âgé de 8 ans quand il voit son premier film, un Charlie Chaplin. À partir de 14 ans, il assiste les samedis et dimanches à toutes les projections dans les salles de cinéma de Montreux. À la fin de l’adolescence, il n’a qu’une idée : faire du cinéma. Le Canada l’attire en raison notamment de la présence de l’Office national du film (ONF) et de cinéastes comme Colin Low et Roman Kroitor. Nold arrive à Montréal le 21 septembre 1955. Comme il a étudié la photographie, il réussit à entrer au Service de la ciné-photographie de la Province de Québec. Il travaille pour Nova Films, à Québec, fait de la direction photo ainsi que de la sonorisation de films. C’est finalement en 1961, après plusieurs tentatives, qu’il est accepté à l’Office national du film.

À l’ONF, Gilles Carle lui confie le montage de son premier film, Dimanche d’Amérique. Suivront des courts métrages, autant des documentaires que des fictions, comme Patinoire (1963) et Solange dans nos campagnes (1964), tous deux de Carle. Le monteur passe du 16 mm au 35 mm, avec les longs métrages Pour la suite du monde (1963) de Michel Brault et Pierre Perrault, et La vie heureuse de Léopold Z (1965) de Carle. Il montera, entre autres, Comment savoir (1966) de Claude Jutra, Entre la mer et l’eau douce (1967) de Brault, Avec tambours et trompettes (1967) de Marcel Carrière et IXE-13 (1971) de Jacques Godbout. Pour le film Jeux de la XXIe olympiade (1977), réalisé par Jean-Claude Labrecque, avec Jean Beaudin, Marcel Carrière et Georges Dufaux comme réalisateurs associés, et qui a été vu partout dans le monde, il travaille jour et nuit dans sa salle de montage pendant cinq mois, avec quatre assistants, pour réduire 200 heures de tournage à 2 heures. Par la suite, Nold participe au triptyque Gui Daò (1980), de Georges Dufaux, pour lequel il conçoit une enregistreuse fonctionnant en synchronisme avec une table de montage de films en langue originale étrangère, ce qui représente un autre jalon important dans les techniques de son métier.

Au cours des années 1970, Werner Nold soutient l’arrivée de la fiction à l’ONF en travaillant sur Le temps d’une chasse (1972) de Francis Mankiewicz, O.K. … Laliberté (1973) et Ti-Mine, Bernie pis la gang (1976) de Marcel Carrière, La gammick (1974) de Jacques Godbout, La fleur aux dents (1975) de Thomas Vamos et The Boys of St. Vincent (1992) de John Smith. Il collabore également à une œuvre expérimentale, Zea (1981) d’André Leduc et Jean-Jacques Leduc, ainsi qu’à l’animation avec Charles et François (1987) de Co Hoedeman sur un scénario de Jean Charlebois. Sur le plan de la réalisation, on lui doit entre autres Préambule (1969) et Cinéma, cinéma qu’il a coréalisé avec Gilles Carle en 1985.

Tout au long de sa carrière, Werner Nold s’intéresse également à divers autres aspects du domaine du cinéma. Il est ainsi président de la Commission de la qualité professionnelle à l’ONF, cofondateur du Conseil québécois pour la diffusion du cinéma, membre fondateur de l’Institut national de l’image et du son, premier président des Rendez-vous du cinéma québécois, conseiller et conférencier. Depuis 1992, il transmet son savoir dans différents centres de formation, tels que l’Université du Québec à Chicoutimi, l’Université du Québec à Montréal et la Florida State University à Tallahassee, aux États-Unis (Filmmaker in residence).

Parmi les prix et récompenses que le monteur a reçus figure, en 2005, un hommage du festival Visions du Réel de Nyon, en Suisse, qui met en lumière le caractère unique de son travail : son attention aux mille fragments du film qu’il monte, son habileté à les faire tenir ensemble, à les articuler afin de leur donner souffle et fluidité. Nold a été décoré de l’Ordre du Canada en 1985.

« J’ai fait le plus beau métier du monde! », se plaît à dire Werner Nold qui, au moment de prendre sa retraite de l’ONF en 1996, avait collaboré à une centaine de films au cours d’une carrière remarquable de 35 ans. Le monteur a fait partie avec les Denys Arcand, Michel Brault, Gilles Carle, Gilles Groulx, Marcel Carrière, Jacques Godbout et Pierre Perrault, des artisans qui, dans les années 1960, ont donné véritablement naissance au cinéma québécois. L’ONF, dit-il, « m’a permis d’aller au bout de ce que je pouvais faire. On y innovait constamment, on faisait ce qu’on avait envie de faire; je pourrais même dire qu’on était délinquants. » Un documentaire lui a d’ailleurs été consacré par Jean-Pierre Masse, Werner Nold, cinéaste-monteur (2003).

Le prix Albert-Tessier qui sera remis le 9 novembre à Werner Nold témoigne de la reconnaissance de ses compatriotes pour son apport exceptionnel à la culture québécoise, sa créativité, sa générosité et toute l’énergie qu’il a consacrée à faire connaître le cinéma d’ici.

Le site Web www.prixduquebec.gouv.qc.ca proposera une entrevue exclusive avec le lauréat du prix Albert-Tessier dès le 9 novembre.

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La photo de Werner Nold est disponible sur le site des Prix du Québec dans la section salle de presse ou sur demande.

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