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Paule Baillargeon reçoit le prix Albert-Tessier 2009

Montréal, le 26 octobre 2009 – Le prix Albert-Tessier 2009, la plus prestigieuse distinction accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine du cinéma, est attribué à la cinéaste, scénariste et actrice Paule Baillargeon. La lauréate recevra son prix au cours d’une cérémonie officielle qui se tiendra le 3 novembre prochain à l’Assemblée nationale.

La contribution de Paule Baillargeon au cinéma québécois a suivi les parcours croisés de l’actrice, de la scénariste, de la réalisatrice et de la femme engagée qu’elle est encore aujourd’hui. Féministe et éprise de liberté, la lauréate du prix Albert-Tessier 2009 a revendiqué avec constance et détermination depuis près de quarante ans son droit à la différence, et ce, dans toutes les sphères de sa vie d’artiste.

Née à Val-d’Or en 1945, elle quitte l’Abitibi dès l’adolescence. C’est en 1966 que prend forme son rêve d’enfant de devenir actrice lorsqu’elle s’inscrit à l’École nationale de théâtre. Pendant la troisième année de sa formation elle quitte cependant l’institution avec toute sa classe, dans un geste d’éclat. « Nous demandions aux autorités de faire du théâtre à notre façon. On nous l’a refusé. Nous étions solidaires, nous sommes partis », raconte-t-elle. Sa quête de liberté commence alors. En 1969, à l’invitation de Raymond Cloutier, elle joint le groupe de comédiens qui formera la compagnie mythique Le Grand Cirque Ordinaire que Paule Baillargeon n’hésite pas à décrire comme sa véritable école de théâtre. Improvisation, création collective, écriture engagée entraînent la troupe dans une révolution théâtrale mise au jour dès sa première production, T’es pas tannée Jeanne d’Arc (créée au Théâtre de Quat’Sous en1969, 186 représentations à travers le Québec). Une page de l’histoire du théâtre québécois s’écrit alors.

Pour Paule Baillargeon, dès cette époque, le cinéma s’impose graduellement comme son art de prédilection, un art qui lui vaudra d’ailleurs, au fil des productions, de nombreux prix et distinctions qui se succéderont et récompenseront tant l’actrice, la scénariste que la réalisatrice.

C’est dans le film de Gilles Groulx Entre tu et vous (1969) qu’elle obtient son premier rôle au grand écran. Le grand film ordinaire (1970) de Roger Frappier et Pascal Gélinas, Réjeanne Padovani (1972), Gina (1973), Jésus de Montréal (1988) et L’Âge des ténèbres (2007) de Denys Arcand, Vie d’ange (1974) de Pierre Harel – dont elle est aussi la coscénariste –, Albedo (1981) et Trois pommes à côté du sommeil (1988) de Jacques Leduc, La femme de l’hôtel (1984) de Léa Pool et I’ve heard the Mermaids singing (1987) de Patricia Rozema – pour lequel elle reçoit le prix de la meilleure actrice de soutien aux Genie Awards – ne sont que quelques-uns des films parmi la trentaine dans lesquels l’actrice Paule Baillargeon s’impose, ce qu’elle fera aussi dans des téléromans et des téléséries et au théâtre.

Ses débuts derrière la caméra avec Anastasie, oh! ma chérie (1976) sont accueillis favorablement par la critique et le public, mais c’est avec La cuisine rouge (1980), qu’elle signe avec Frédérique Collin, que sa carrière de réalisatrice prend un tournant décisif. Ce film audacieux sur le plan de la forme et du propos occupe une place importante dans l’anthologie du cinéma des indépendants au Québec. À sa sortie, le film soulève les passions et les critiques, pour la plupart très dures. C’est avec un moyen métrage produit par l’Office national du film qu’elle renoue avec la réalisation. Sonia (1986), sur la maladie d’Alzheimer, qu’elle scénarise et dans lequel elle joue aux côtés de la comédienne Kim Yaroshevskaya, remporte de nombreux prix. Suivront Solo (1990), un long métrage de fiction pour la télévision, Le sexe des étoiles, d’après un scénario de Monique Proulx – un film primé au Québec, en France, aux États-Unis et au Brésil – et le collectif Un cri au bonheur (2007) sur la poésie québécoise, dont elle signe trois extraits. Ce dernier complète la filmographie des œuvres de fiction de Paule Baillargeon, filmographie à laquelle s’ajoutent trois documentaires : Une famille comme les autres (2000), Claude Jutra, portrait sur film (2002) – qui remporte trois prix Gémini (meilleur film, meilleure réalisation, meilleur scénario) et le Gémeaux du meilleur film – et Le petit Jean-Pierre, le grand Perreault (2004), qui décroche le Cinedance Award du meilleur film et le prix du jury du 34th Annual Dance on Camera Festival de New York. Enfin, on ne peut passer sous silence sa contribution au long métrage de fiction Montréal vu par… (1991), un film à sketches sur la métropole dont elle a scénarisé l’épisode Vue d’ailleurs, réalisé par Denys Arcand. Depuis le printemps 2009 et pour deux ans, Paule Baillargeon occupe le poste convoité de réalisatrice en résidence du Programme français de l’Office national du film où elle prépare un nouveau documentaire.

Le prix Albert-Tessier qui lui est attribué pour sa carrière remarquable reconnaît la démarche créatrice de cette artiste aux multiples talents qui a su persévérer sans déroger à la très haute idée qu’elle se fait de son art. La constance, la noblesse et l’esprit combatif de cette figure marquante du cinéma ainsi que sa contribution inspirée et singulière à la cinématographie québécoise valent aujourd’hui à Paule Baillargeon la reconnaissance et la considération de ses compatriotes.

Le site Web www.prixduquebec.gouv.qc.ca proposera une entrevue exclusive avec la lauréate du prix Albert-Tessier dès le 3 novembre.

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