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Paul Chamberland reçoit le prix Athanase-David 2007


Québec, le 6 novembre 2007 –  La plus haute récompense accordée par le gouvernement du Québec dans le domaine des lettres, le prix Athanase-David, est décernée cette année au poète et essayiste Paul Chamberland. Son œuvre poétique, traversée par les grands courants qui ont agité la société québécoise au cours des quarante dernières années, se double d’une réflexion philosophique sur l’avenir de l’humanité qui nous interpelle individuellement et collectivement.

Paul Chamberland est né à Longueuil en 1939. Durant ses études classiques au Collège de Saint-Laurent, de 1952 à 1961, il découvre à 16 ans Baudelaire et Rimbaud, et griffonne ses premiers poèmes. C’est à cette époque également qu’il rêve de prêtrise et devient séminariste. Mais le monde religieux n’est pas assez mystique pour celui qui rêve « d’une espèce de liberté spirituelle »; c’est dans la poésie qu’il va la trouver.

Dès 1962, Chamberland publie Genèses, puis en 1964 Terre Québec, qui lui vaudra le Prix de la province de Québec. Paul Chamberland est un homme engagé politiquement, ce qui l’amène à cofonder en 1963 la revue Parti pris. Ses textes de l’époque traitent entre autres de questions nationales et sociales. Chamberland poursuit parallèlement ses études à la Faculté de philosophie de l’Université de Montréal où il décroche une licence en 1964.

Puis, en 1965, paraît L’afficheur hurle, où la poésie elle-même est mise à mal : « et tant pis si j'assassine la poésie / ce que vous appelleriez vous la poésie / et qui pour moi n'est qu'un hochet [...]. » Après les années mystiques, puis la période ouvertement engagée politiquement, il y a une cassure, nourrie, celle-là de 1966 à 1968, par des études en littérature avec le sociologue marxiste Lucien Goldmann, à Paris.

Au retour, Chamberland plonge dans la contre-culture et participe à Mainmise et à Hobo-Québec. Viennent ensuite les années dites de la commune, de 1973 à 1978, à Morin Heights. Puis, dans les années 1980, Chamberland connaît le désenchantement. La prise de conscience est effrayante : la planète fout le camp!, mais même si l’idéal révolutionnaire est mort pour Chamberland, la question de la critique politique demeure.

Chamberland se tourne alors vers la philosophie. En 1989, il publie Un livre de morale, lequel est suivi dans les années 1990 par trois volumes inclassables, parus sous le vocable de géogrammes. « Je voulais, dit-il, ramener la poésie au sens littéral des mots. » Cela le conduit à écrire ses recueils Intime faiblesse des mortels, pour lequel il reçoit le Prix de poésie Terrasses Saint-Sulpice de la revue Estuaire 1999, et Au seuil d’une autre Terre, qui lui vaut le Prix de poésie de la Société des écrivains canadiens 2004. Cela le mène aussi à rédiger ses essais En nouvelle barbarie, Prix de la revue Spirale 2000, et Une politique de la douleur, prix Victor-Barbeau 2005.

Titulaire d’un doctorat en études littéraires (création) de l’Université de Sherbrooke,  Chamberland s’est beaucoup investi dans l’enseignement de la création littéraire. Il a notamment enseigné au Département d’études littéraires de l’Université du Québec à Montréal, de 1992 jusqu’à sa retraite en 2004; il demeure encore professeur associé.

Paul Chamberland a été élu à l’Académie des lettres du Québec en 2006. Il a derrière lui une œuvre considérable, une trentaine de livres en tout. L’homme cependant n’a pas dit son dernier mot. « Je continue d’écrire, rappelle-t-il, je suis toujours tiré vers l’avenir. »

Le prix Athanase-David qui est remis aujourd'hui à Paul Chamberland témoigne de son apport exemplaire à la littérature québécoise et reconnaît l’engagement d’un intellectuel à l’avant-garde de la pensée actuelle.


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