GOUVERNEMENT DU QUÉBEC
MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DES COMMUNICATIONS
AVIS D’INTENTION DE CLASSEMENT DE BIENS PATRIMONIAUX
ARCHIVES, LIVRES RARES ET BIENS MOBILIERS DE LA COMPAGNIE DES PRÊTRES DE SAINT-SULPICE
La ministre de la Culture et des Communications, MME NATHALIE ROY, donne avis :
QU’en vertu de la Loi sur le patrimoine culturel, elle a l’intention de procéder au classement de ces biens comme documents et objets patrimoniaux :
1) Les archives de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice constituées de 1 km de documents textuels, de 75 000 pièces iconographiques, de plus de 8 000 cartes géographiques et devis techniques, ainsi que des enregistrements sonores et filmiques;
2) La collection de livres rares de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice;
3) La collection de biens mobiliers de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice comprenant plus de 2 500 objets, incluant entre autres des meubles, des pièces d’orfèvrerie, des peintures, des sculptures, des pièces de monnaie, ainsi que des instruments scientifiques et technologiques.
QUE ce geste repose sur les motifs suivants :
Les archives, les livres anciens et les biens mobiliers de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice présentent un intérêt patrimonial pour leur valeur historique. Ces documents et objets ont été produits et rassemblés par cette communauté religieuse fondée en 1641 par Jean-Jacques Olier sous le nom de la Compagnie des prêtres du Saint-Sacrement et du Grand séminaire de Vaugirard. L’année suivante, elle devient la Compagnie de Saint-Sulpice, du nom de la cure parisienne du fondateur. Par son rôle dans la Société Notre-Dame de Montréal, Jean-Jacques Olier participe à l’établissement de Ville-Marie (Montréal) en 1642. Les Sulpiciens arrivent à Montréal en 1657. Ils y érigent rapidement un séminaire et assurent le service spirituel. Les prêtres de Saint-Sulpice deviennent propriétaires de la seigneurie de l’Île-de-Montréal en 1663. Ils multiplient dès lors leurs efforts pour activer le peuplement de l’île. Ils concèdent les terres, dirigent l’aménagement du territoire et le creusage de canaux de navigation, exploitent des moulins, soutiennent financièrement des
communautés religieuses et créent plusieurs paroisses qu’ils desservent. Ils mettent aussi sur pied des missions pour évangéliser les autochtones. Les Sulpiciens demeurent seigneurs de l’île de Montréal jusqu’en 1840. À partir de ce moment, ils sont chargés par l’évêque de la formation du clergé catholique de tout le diocèse, fondé en 1836. En plus de leur rôle dans le domaine de l’éducation, les Sulpiciens contribuent à la circulation de l’imprimé à Montréal. Ils fondent l’Œuvre des bons livres en 1844, et la Bibliothèque Saint-Sulpice, en 1915. Au cours du XXe siècle, les Sulpiciens poursuivent leur travail de missionnaires et de formateurs des prêtres à Montréal, dans l’Ouest canadien ainsi que dans plusieurs parties du monde, dont l’Amérique centrale, l’Amérique du Sud et le Japon. Ces archives, livres anciens et biens mobiliers témoignent de la contribution immense des Sulpiciens à l’histoire de Montréal et du Québec;
Les archives de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice présentent un intérêt patrimonial pour leur valeur historique liée à leur importance documentaire. Ces archives contiennent des documents produits depuis le XIIIe siècle, dont la majorité couvre plus particulièrement la période allant de 1620 à 1976. Ces archives reflètent les rôles religieux et civils de la Compagnie et de ses membres et concernent plusieurs secteurs d’activité. Elles constituent le fonds privé le plus important pour comprendre l’histoire de Montréal et contribuent aussi à la connaissance de l’histoire du Québec et du Canada. Elles doivent être conservées dans leur intégrité et ne doivent pas faire l’objet de dispersion pour garder leur remarquable potentiel de recherche;
La collection de livres anciens de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice présente un intérêt patrimonial pour sa valeur historique liée à leur importance documentaire. Cette collection comprend des livres publiés depuis le XVIe siècle qui ont contribué à la formation de l’une des premières bibliothèques privées sous le Régime français : celle du Séminaire de Saint-Sulpice. Elle témoigne ainsi des connaissances religieuses, culturelles et civiles des Sulpiciens. Ces livres couvrent plusieurs disciplines des arts et des sciences. Ils comprennent entre autres des livres en langues autochtones, des livres anciens comme les premiers imprimés européens et canadiens, des livres précieux par leur contenu scientifique ou artistique;
La collection de biens mobiliers de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice présente un intérêt pour sa valeur artistique. L’ensemble, qui comprend notamment des peintures, des sculptures, des dessins, des estampes, des pièces d’orfèvrerie, des meubles et des vêtements sacerdotaux, témoigne de la production artistique européenne et québécoise, du Moyen Âge jusqu’au XXe siècle. Un grand nombre de ces objets sont associés à des artistes et à des artisans de renom, dont Jean-Charles Frontier, Charles Le Brun, Napoléon Bourassa, Ozias Leduc, Alfred Laliberté, Maurice Cullen et Jean-Charles Cahier. Cette collection constitue un témoin exceptionnel de l’histoire des beaux-arts et des arts décoratifs en Europe et au Québec;
La collection de biens mobiliers de la Compagnie des prêtres de Saint-Sulpice présente un intérêt pour sa valeur historique liée à son importance documentaire. Ces objets, acquis pour répondre aux besoins civils et religieux des Sulpiciens, illustrent différents aspects de leur mission, notamment l’enseignement et l’exercice du culte dans diverses paroisses et auprès des Premières Nations. Des instruments témoignent de l’histoire des sciences et des technologies, tandis que d’autres objets rappellent des pratiques religieuses et dévotes anciennes.
La ministre de la Culture et des Communications donne également avis :
QUE toute personne intéressée peut, dans les soixante (60) jours de la transmission du présent avis, faire des représentations auprès du Conseil du patrimoine culturel du Québec;
QU’elle prendra l’avis du Conseil du patrimoine culturel du Québec sur l’opportunité de procéder au classement de ces biens patrimoniaux;
QUE si le classement de ces biens se réalise, celui-ci prendra effet à compter de la transmission du présent avis conformément à la Loi sur le patrimoine culturel;
QUE l’avis d’intention devient sans effet si l’avis de classement, accompagné d’une liste des éléments caractéristiques des biens patrimoniaux classés, n’est pas transmis au propriétaire des biens ou à celui qui en a la garde, dans un délai d’un an à compter de la date de la transmission de l’avis d’intention ou dans un délai de deux ans à compter de cette même date s’il y a eu prorogation de l’avis d’intention.
Fait à Québec, ce 20 août 2020
La ministre,
Nathalie Roy