Histoire

Le peuplement de la région à la période préhistorique

La période préhistorique a duré environ onze millénaires. Au-delà du douzième millénaire avant nos jours, l'habitabilité du territoire pour des humains était pratiquement impossible à cause de la présence des inlandsis de la dernière époque glaciaire (le Pléistocène).

À l'échelle régionale, les plus anciennes traces d'occupation humaine remontent, selon les connaissances acquises, à près de 5000 ans avant aujourd'hui; elles ont été mises à jour dans le cadre de recherches archéologiques effectuées sur le territoire public situé au nord de Mont-Laurier.

À cette époque, les Amérindiens étaient à la fois nomades et sédentaires, suivant les saisons, leurs désirs et les aspirations des différents groupes qui ont occupé le territoire. Beaucoup reste à découvrir à l'échelle régionale au regard de cette occupation première du territoire.

Le contact et la période historique

En archéologie, le début de la période historique correspond à une époque qui est documentée par l'écrit, alors que la précédente ne l'était que par des traces fugaces inscrites dans le sol. Il en résulte ainsi un changement quantitatif et qualitatif de l'information culturelle. Les témoignages écrits laissés par les premiers explorateurs européens nous informent sur la configuration des diverses populations amérindiennes en Amérique du Nord au début du XVIIe siècle. Il en ressort qu'à la période historique, la région des Laurentides faisait partie intégrante d'un territoire d'exploitation contrôlé par des bandes algonquines.

Les Algonquins tirent l'essentiel de leurs moyens de subsistance, mais aussi de leurs matériaux utiles, des produits de la chasse et de la pêche ainsi que d'une exploitation limitée de la nature qui les entoure. Par ailleurs, ils sont des artisans qui ne manquent pas d'adresse : leurs couteaux, grattoirs et pointes de flèches en pierre étaient fabriqués par percussion. Leur céramique et les peintures rupestres qu'ils ont laissées témoignent aussi de leurs préoccupations esthétiques. Non seulement les Algonquins, comme leurs congénères amérindiens, savaient être des artisans habiles préoccupés d'esthétique, mais ils avaient une vision du monde rationnelle et pratique.

Jusqu'au début du XIXe siècle, les Algonquins continueront leur vie de chasseurs. Le déclin du commerce des fourrures et leur dépendance grandissante envers la société blanche réduisent considérablement leur capacité de résistance à la double menace pour leur mode de vie que représentent le déploiement de l'industrie forestière et la montée des divers mouvements de colonisation vers le nord.

L'époque seigneuriale

Qualifiée de « Berceau de la région des Laurentides », c'est à la fin du XVIIe siècle que la seigneurie de Terrebonne (dont la ville du même nom est maintenant reliée à la région de Lanaudière) reçoit ses premiers habitants. Les seigneurs marchands de fourrures et propriétaires de moulins sont occupés à l'exploitation de cette terre qui se veut fertile et généreuse. C'est de cette conjoncture économique favorable de ce début du XVIIIe siècle qu'une région naîtra sur les bords de la rivière des Mille Îles. Peu à peu, des chemins, des rangs, des hameaux, des paroisses, des villages verront le jour le long des principaux cours d'eau qui sillonnent la région. Encore aujourd'hui, on retrace assez facilement l'organisation du territoire de la région.

Le développement du Nord

Au milieu du XIXe siècle débute l'épopée du « Roi du Nord », le célèbre curé Antoine Labelle, ardent promoteur d'une colonisation agroforestière afin de garder les gens chez nous. Toutefois, le peu de bonnes terres cultivables essouffle vite ce mouvement de colonisation. La construction du chemin de fer deviendra alors la  principale voie de développement de la région. Avec l'avènement du train s'amorce un important développement régional axé sur le plein air. L'hôtellerie et la villégiature connaîtront un essor fulgurant au cœur des Laurentides. Plus au nord, dans les hautes Laurentides, l'exploitation forestière prend son essor. Les premiers assauts du capitalisme commercial feront leur œuvre, au grand dam du clergé de l'époque.

C'est l'éveil de la vie culturelle! Quelques poignées d'individus instruits et cultivés mettront sur pied les instituts littéraires. Les Sociétés Saint-Jean-Baptiste seront les maîtres d'œuvre de nombreuses fêtes populaires. Première institution musicale à voir le jour, les fanfares seront de la fête dans de nombreux villages! L'habitant des Laurentides devient vite un consommateur de « produits culturels » : cirque, fêtes foraines, carnaval, parc d'attraction, soirées musicales, théâtre, etc.

Sur la route de la modernité

Des années 1920 à aujourd'hui, du chemin de fer vieillot à l'autoroute moderne, le trajet nous conduit d'un monde rural à un monde urbain où la vie traditionnelle a cédé la place à une société industrialisée où les loisirs tiennent une place de plus en plus grande dans la vie de ses habitants avec l'avènement du cinéma, du gramophone et de la radio.

Entre les deux guerres, les premiers hebdomadaires locaux font leur apparition. La littérature fait connaître un certain nombre d'écrivains dont les plus réputés sont associés à trois grandes familles des Laurentides : les Montigny, les Nantel et les Grignon. Quant au domaine des arts visuels, impossible de dissocier peintres et paysages. Parmi les peintres les plus célèbres d'ici et d'ailleurs qui ont immortalisé les paysages laurentiens, notons les Marc-Aurèle Fortin,  Maurice Cullen, Clarence Gagnon, Edwin Holgate, Jean-Paul Riopelle, John Lyman, Stanley Cosgrove.

Sur la voie du renouveau culturel

L'après-guerre sonne alors le début d'un temps nouveau au Québec et les Laurentides n'échappent pas à cette évolution culturelle. Dans les années 1950, à la veille de la Révolution tranquille, Sainte-Adèle demeure pour plusieurs le fer de lance de ce renouveau socioculturel. Premier centre d'art au Québec, ce village et d'autres comme Saint-Sauveur, Sainte-Agathe, Val-David, attirent à cette époque bon nombre d'artistes qui décident même de s'y installer en permanence. Les Pays-d'en-Haut connaissent alors un essor remarquable. C'est avec nostalgie que de nombreux Québécois se souviennent entre autres de l'époque des boîtes à chansons dont la plus connue demeure la Butte à Mathieu de Val-David. De nombreux poètes et chansonniers y brûlent alors les planches : les plus illustres étant les Félix Leclerc, Robert Charlebois, Jean-Pierre Ferland, Clémence Desrochers, Raymond Lévesque, Claude Léveillé, Pauline Julien, et bien d'autres. 

La beauté du Nord fascinera aussi écrivains, gens de lettres, artistes en arts visuels.  Certains y éliront domicile, d'autres, à travers leurs œuvres, y décriront leur attachement indéfectible : Claude-Henri Grignon, le plus grand nom de la littérature issu de la région, connu pour son célèbre roman Un homme et son péché dont on tirera une pièce de théâtre, deux longs métrages, et une série télévisée; Solange Chaput-Rolland, journaliste, écrivaine, animatrice d'émissions d'affaires publiques, députée de Prévost et sénatrice; Francine Ouellette, auteure de Au nom du père et du fils et du Sorcier, marquée par le souvenir de vacances estivales de son enfance chez ses grands-parents à Mont-Laurier; Jacques Grand'Maison, né à Saint-Jérôme, théologien, moraliste, sociologue, dont l'œuvre d'essayiste traduit la profondeur de ses origines; Gaston Miron, né à Sainte-Agathe-des-Monts, figure de proue dans l'écriture québécoise, pensons à L'homme rapaillé, ardent défenseur de la langue et de la culture québécoise dont l'œuvre a été couronnée par plusieurs prix dont le prix Apollinaire (France) et le Prix du Québec Athanase-David; René Derouin, peintre, graveur, sculpteur, récipiendaire du prix Paul-Émile-Borduas en 1999 et qui, à travers ses œuvres, depuis sa maison de Val-David, rayonne sur les Amériques.

La culture se régionalise         

Jusque dans les années 1960, malgré de nombreuses initiatives personnelles de promoteurs culturels, la région des Laurentides demeure pauvre en équipements culturels. C'est donc dans la foulée de la Révolution tranquille que le gouvernement du Québec entreprend de doter l'ensemble du territoire québécois de bibliothèques, de salles de concert et de spectacles, de musées et de centres d'exposition.

Depuis, toutes les forces vives de la région n'ont cessé de travailler conjointement au développement culturel des Laurentides. Le dynamisme des partenaires socioculturels aura permis des réalisations comme la construction d'environ 70 bibliothèques publiques, la transformation du vieux palais de justice de Saint-Jérôme en un musée de haut calibre et un centre culturel régional, la modernisation de salles de spectacles professionnels comme la salle du Collège Lionel-Groulx de Sainte-Thérèse, la restauration majeure des églises de Saint-Eustache, Sainte-Agathe-des-Monts, Saint-Sauveur et de la Cathédrale de Saint-Jérôme, ainsi que la mise en valeur du patrimoine dans plusieurs municipalités dont Saint-Eustache.    

En ce début de XXIe siècle, à l'instar de leurs pionniers, les différents partenaires socioculturels des Basses et des Hautes-Laurentides continuent le travail amorcé par leurs prédécesseurs. Le Ministère s'emploie à soutenir et à consolider le partenariat avec le milieu, dans la mesure de ses possibilités, espérant ainsi poursuivre le développement culturel de la région et favoriser son plein épanouissement.

Sources

  1. LAURIN, Serge.  Histoire des Laurentides (Les Régions du Québec, 3), Institut québécois de recherche sur la culture, Québec, 1989.
  2. DUMAIS, Pierre, LAROUCHE, Céline, POIRIER, Jean. L'Archéologie de la M.R.C. d'Antoine-Labelle - Contribution à la préhistoire des Hautes-Laurentides, Ministère de la Culture et des Communications – M.R.C. d'Antoine-Labelle, Avril l997.

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